Version intégrale du texte :
Greffe du Bignonia radîcans sur le B. Catalpa.
Notre confrère, M. Marcellin Vétillart, du Mans, dan» sa lettre du 26 août 1828, nous engageait à greffer le Bignonia radicans sur le Catalpa; il en avait vu de fort beaux résultats, et le Bignonia radicans ainsi greffé donnait graine dans le Midi.
Ayant écrit à ce sujet à MM. Audibert frères, à Tonellc, près Tarascon , nous en avons obtenu la réponse suivante :
« Nous avons examiné des Bignonia ou Tecoma ra~ dicans greffés rez terre, et nous avons vu que les Catalpa sur lesquels cet arbrisseau sarmenteux avait été greffé avaient péri, ainsi que cela arrive pour une infinité d'espèces, telles que Padus sur Cerasus avium ; Cerasus lusitanica, Lauro-Cerasus sur l'espèce précédente; Juglans fraxinifolia sur J. regia, etc. Lorsque nous avons greffé à haute tige des Tecoma sur des Catalpa, les greffes n'ont duré qu'une année, pendant laquelle les tiges greffées ont abondamment fleuri et presque toujours fructifié; nous n'avions même jamais eu jusqu'alors des fruits sur les individus francs de pied. Mais, depuis , sur une allée pavec qui avoiâine la maison du Recteur de l'Université, «lans le Jardin des Plantes à Montpellier, nous avons remarqué une très grande quantité de siliques mûres; nous en avons aussi un pied qui nous a donné des fruits I<i même année, qui n'est point greffé, mais auquel on a supprimé les rejetons au fur et à mesure qu'ils poussaient ; il est probable, d'après cette observation, qu'en supprimant les stolones et drageons au fur et à mesure qu'ils poussent, la sève qui les alimente sert à la tige-mère à nourrir ses fruits ; un sol pavé qui ne permet point aux rejetons de se montrer offre le même résultat. A cette occasion, nous avons remarqué que des u4lpinia mitans ( Globba), des Heliconia. etc., ne fleurissaient point lorsqu'il part de leur souche un grand nombre de tiges, mais qu'en réduisant celles-ci à une ou deux, leur floraison était toujours, ou à peu près, certaine.
» Nous cultivons en pleine terre le Tecoma grandiflora, il y fleurit abondamment; mais ses tiges meurent tous les ans ; il en pousse de nouvelles au printemps, qui atteignent 8 à 10 pieds de longueur : ainsi, cet arbrisseau grimpant est par nous traité comme une plante vivace. Nous en avons aussi plusieurs dans le même cas, et le Brugmansia candida est de ce nombre. Un pied de Phytolacca diuïca (arborea) a atteint plus de 20 pieds de hauteur dans un an ; sa tige, vers sa base, a pràs d'un pied de diamètre. Il est en pleine terre, et une couverture de paille lui a été donnée pendant les neiges et le verglas qui nous ont effrayés cet hiver, mais qui heureusement n'ont fait que peu de mal.
» Lorsque sur un grand Catalpa l'on voyait descendre les tiges sarmentcuses du Tecoma, nous donnions à résoudre comme problème d'où venaient ces tiges ? »
Soulasge Bodin.
Après cotte communication en séance, il a été donné connaissance à la Société que MM. Godefroy, de Villed'Avray, et Transon-Gombault, d'Orléans, ont aussi greffé le Bignonia grandiflora en tète et à haute tige sur le B. catalpa, et ont obtenu un résultat très heureux. Greffé sur ce sujet, il acquiert plus de rusticité, végète avec force et fleurit abondamment. Cet arbrisseau, encore nouveau, rare, est surtout remarquable par son élégance lorsqu'il est greffé à très haute tige sur le Bignonia Catalpa, et M. Godefroy pense que quand il sera connu, îl sera bien préféré au B. radicans. Ce pépiniériste est maintenant, ainsi que M. Transon-Gombault, en mesure d'en fournir aux amateurs.