Le surgreffage des arbres mûrs est un pis aller et ne devrait s'envisager que quand la variété pose un problème insoluble qui ne permet pas d'obtenir de récoltes... ce qui n'est pas le cas.
Encore faut-il que l'arbre en ait sous la pédale pour surmonter la mutilation et se refaire après la greffe. Le tien a l'air d'avoir atteint la maturité...et il me semble qu'il vaudrait mieux gérer tranquillement cette maturité et le déclin ultérieur, plutôt que de lui imposer un nouveau départ: "à son âge", il risque de ne pas tenir le choc... non pas qu'il ne rejaillisse pas vaillamment à court terme, mais il va s'y épuiser et les cicatrices importantes qu'il ne pas pas pouvoir refermer rapidement vont être autant de portes d'entrées aux agressions extérieures.
Voici pour la voix de la raison.... mais j'ai comme le sentiment que nos conseils ne sont pas de ton goût car ils viennent casser ton projet de greffe
Alors soyons fous (ce n'est pas notre arbre après tout) et prenons le risque de condamner irrémédiablement toute récolte sur cet arbre.
Il ne faut pas greffer à plus de 2 m de haut (j'imagine qu'il en y a même beaucoup qui sursautent en voyant 2m...mais au point où on en est) car l'arbre développerait de nouvelles branches désordonnées en dessous du point de greffe.
Et vu le diamètre des branches de ton arbre à cette hauteur ou plus bas, il me semble que la seule méthode possible est la greffe en couronne avec un minimum de 3 greffons par branches, voire 4, 5 ou plus. Dans le cas d'une taille "radicale", il ne faut pas lésiner sur le nombre de greffons qui n'auront pas vocation à devenir des branches, mais à essayer d'absorber le flux de sève et à faciliter la cicatrisation de la plaie sur tout le périmètre de la branche sectionnée afin d'éviter la nécrose.
Pour un cerisier la couronne est la pire méthode, car c'est celle qui provoque les mutilations les plus importantes avec les risques associés chez un cerisier (gommose...).
Ceci dit, pour finir sur une note positive, j'ai déjà vu pratiquer cette méthode par un arboriculteur drômois sur une parcelle entière parce qu'il n'arrivait plus à commercialiser sa variété Hedelfingen pour un problème de calibre "insuffisant" et qu'il avait le couteau sous la gorge financièrement. Ses arbres étaient toutefois plus jeunes et plus dynamiques, "dopés", et sur le nombre, il a pu se permettre les échecs (20%). Il avait greffé en couronne chacune des 4 ou 5 charpentières de ses arbres formés en gobelets.
Alea jecta est