C'est vraiment amusant, en effet !
J'avais déjà vu une noix avec 3 "plans de soudure" (que j'ai pris pour un "accident amusant", car je n'en ai jamais vu d'autres sous le même noyer sauvage) , mais jamais vu / entendu parler de 4
Je ne sais pas si un cultivar à "4 plans de soudure" peux avoir un intérêt agronomique (ou pour les ecureuils Wink ) mais cela a intérêt au moins purement esthétique / botanique... Un de nos amis de la COPLFR pourrait nous rappeller que l'attribution du critère "rare" à un fruitier peux inclure la notion de "caractère insolite d'une variété au sein d'une espèce courante".
Que signifie un "fruitier rare ? http://www.coplfr.org/fruitiersrares.html
Bref, cela serait amusant de stabiliser une variété de noyers "à 4 plans de soudure", et cela m'amène à une reflexion concernant la sélection des noyers...
Génétiquement, le phénotype d'un fruit (son aspect physique, en gros), dépend du plant femelle dont il est originaire (comprendre "du plant portant le pistil fécondé, même si l'arbre est autofertile").
En général, soit la paroi de l'ovaire forme la paroi du fruit (noix, etc.); soit une autre partie de la fleur (femelle) forme le fruit : renflement du bourgeon floral des pommiers, courge, etc. / inflorescence qui se regroupe pour l'ananas, la mûre, etc.
Ainsi, si du pollen de pommier fleur (à petits fruits rouges) féconde le pistil d'un pommier (disons 'Granny Smith', à gros fruits verts...); le phénotype du fruit sera "gros fruit vert"; car la pomme est issue du gonflement du recéptacle floral de la fleur fécondée. Et la construction de ce réceptacle est progammée par le patrimoine génétique (génotype) du plant mère ! CQFD.
Au passage, cela n'empêche pas que, dans la graine de notre exemple, se trouve le patrimoine génétique de notre croisement. Si on semait ce pépin, ses fruits seraient, pour simplifier, à mi-chemin : "moyen rouge verdâtre"; car le génotype de notre croisement s'exprimerait enfin au travers de la formation du fruit... avec tous les hasards de la reproduction sexuée qui nous rendent si différents de nos frères et soeurs biologiques !
Bref, dans le cas de "notre noix à 4 plans", c'est donc de la fleur femelle que vient cette caractéristique.
Pourtant, alors que le génotype de l'arbre est unique*, on ne retrouve pas ce caractère sur tous les fruits de l'arbre ! ??? C'est parce que le phénotype est dirigé par le génotype, l'environnement et des variations aléatoires...
Lors de la formation de vos 10 noix "remarquables", une raison quelconque a donc provoqué, chez la mère, le doublement du nombre de coques du fruit (coup de froid lors de la formation du fruit ? ovule mal formée ? doublement du nombre de gènes relatifs à la formation de la coquille ? double, triple, ... récessivité rare ? réaction au patrimoine génétique formé par le croisement ? ... les possibilités sont infinies...) .
Dans tous les cas, il existe ainsi une possibilité que la graine formée, qui contient les gènes de l'ovule à l'origine du caractère "4 plans", puisse exprimer ce génotype si on la sème et la laisse venir à fruit...
Voici les joyeuses bases de la sélection génétique opérée par l'homme depuis le Néolithique. Mais cela prend du temps, surtout pour des fruitiers ! Et dans le cas du noyer, surtout de Juglans regia, la mise à fruit à partir des semis est particulièrement longue ! Je me posais donc une question : comment font-ils dans les centres de sélection ? Est-ce qu'ils attendent vraiment la mise à fruit; ou est-ce qu'ils accélèrent le processus en greffant dès que possible ces semis (sous entendu avant qu'ils mettent à fruit, et c'est là que le bas blesse car je pense que ce n'est pas bon de greffer des banches non fructifères !) ? En d'autres termes, plutôt que d'attendre 15-20 ans pour voir si ces 10 semis de J. regia possèdent les caractéristiques recherchées, est-il possible de greffer ce semis à 2-3 ans sur J. nigra, par exemple, pour voir le résultat 3-4 ans plus tard ?
- : chez les plantes, qui ne disposent pas de système immunitaire à base d'anticorps comme nous, plusieurs génotypes différents peuvent "cohabiter" sans problème pour former un même individu. C'est pourquoi on peux greffer des plantes sans souci, alors qu'une lutte médicamenteuse continue est impérative pour assurer le maintien d'une greffe humaine et empêcher le rejet.
Ainsi, chez les plantes, il est courant que des mutations de bourgeons ou des infections virales modifient une partie du patrimoine génétique. Ce phénomène a été / est à l'origine de sélection de cultivars très intéressants : poirier Williams rouge (à vérifier, mutation de bourgeon) ou espèces panachées (souvent viral). Pour ces "noix à 4 plans" , il serait donc intéressant de vérifier si elles ne sont pas toutes issues d'une même branche (qui ferait l'objet d'un greffage spécifique ultérieur). Toutefoiss avec un noyer, c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire ! Sauf si toutes les noix à 4 plans se retrouvent confinées plus ou moins sous une même branche !